J’écris cela car je suis dans un pays où (en théorie) on peut encore s’exprimer et parler de liberté sans risquer sa vie. Mais la liberté, ça se gagne et se protège. Et la liberté, ce n’est pas la liberté de massacrer des innocents dans les rues, ni la liberté de prêcher la haine.
Edit du 16 juillet 2016 : j’ai ré-ordonné et enrichi le contenu de ce post à la suite du massacre du 14 juillet 2016 à Nice, mais le contenu et les opinions exprimés restent les mêmes.
Suite aux attentats de vendredi soir 13 novembre 2015
Hé, mes amis, mes copains, mes chers compatriotes.
Après le massacre Charlie+Hypercasher du 7 janvier dernier et ceux, bien pire encore, du vendredi 13 novembre 2015. On fait quoi. A part rester sur BFM et iTélé pendant 2 jours, répéter les mêmes scènes, pleurer, se réchauffer, se rassembler 2 jours après, être tous à peu près d’accord, continuer à répéter comme des idiots que nos politiques sont des incapables. On reprend notre vie comme si de rien n’était ? Le train-train quotidien, carpe diem (notre épicurisme : peut être la seule fierté qu’il nous reste en tant que français j’ai l’impression…) jusqu’au prochain massacre d’innocents ? Eros contre Thanatos ? Bon, OK, je dis : pourquoi pas. Mais alors à ce moment là arrêtons de dire ou écrire “Plus jamais ça” ou alors “Vos guerres, nos morts”, ou encore de mettre le drapeau français sur nos murs numériques pendant 3 semaines. TAISONS NOUS. OU ALORS, AGISSONS. Car c’est notre guerre. Enfin, plutôt, nos batailles dans notre quotidien. Je vais y revenir plus bas.
Après les crimes du 7 janvier 2015, on pouvait toujours perdre du temps avec le débat avec Charlie “A-t-on le droit de se moquer des religions”. Un débat qui aurait pu être clos en 10 secondes. La République est la seule à encadrer la liberté d’expression. Point. Et certains imams rappellent que les caricatures ne sont pas “interdites”. Quant au pape et ses comparaisons consternantes en janvier dernier, il est à la limite du hors-jeu. On pourrait presque penser qu’il justifie les terroristes en disant que c’est normal d’avoir envie de frapper quelqu’un qui insulte votre maman. Je ne vais pas m’y attarder dessus.
Cette fois ci avec le massacre du 13 novembre 2015 dans les rues de Paris et au Bataclan il n’y a pas de débat. Car ils ont tirés sur nos enfants, sur tout le monde, sur des êtres humains de toutes les couleurs, origines, et opinions victimes de ces criminels même pas téléguidés.
Le problème ce n’est pas la religion, ni un conflit de civilisation, ni même le terrorisme : il y a un discours fourni clé en main par Daech pour venir tenter de justifier la recherche de célébrité et assouvir les pulsions destructrices de pathétiques nombrilistes ordures, des individus violents, des fous dangereux ou/et des délinquants ratés de troisième zone (ce sont toujours exactement les mêmes profils) au travers de suicides les plus bruyants possibles (facile à l’époque de l’ultra-médiatisation), en entraînant le plus de monde possible avec eux en massacrant des innoncents désarmés.
Daech et compagnie sont contents de se trouver des assassins pas chers afin d’internationaliser leur pseudo “guerre sainte” en utilisant et déformant à leur guise le discours religieux pour s’en servir de prétexte, en essayant de pousser les sociétés occidentales à se fracturer autour des questions d’identité, à provoquer un amalgame anti-islam et alimenter le délire de persécution inhérent à la dialectique djihadiste.
Mais Daech et les autres ne sont ni des pays ni des religions. Ce sont des entreprises totalitaires basées sur le profit et la recherche du pouvoir par la violence, la propagande, le génocide et la destruction de la liberté individuelle. Et la France est une cible de choix pour de multiples raisons, dont 2 étroitement liées : nous sommes le pays symbolisant la liberté, et ils disposent sur place de criminels violents issus des zones abandonnées par la République où le totalitarisme salfafiste jihadiste a pris racine (je vais y revenir).
La quête de sens, le besoin de repère est parfois comblé par des chemins de vie et/ou des chemins spirituels que l’on est plus ou moins libre de choisir ou de “suivre” ou de se voir imposer. On pourrait comprendre que nos modèles de sociétés consuméristes et ses dérives égocentriques ne satisfassent pas tout le monde, ni tous nos besoins (consommer et posséder ne satisfait pas tous les besoins, bien au contraire…) et surtout ne comblent pas la quête d’idéal de certains jeunes adultes et leur normal esprit de révolte dans leur balbutiant chemin de vie, ce “boulevard du temps qui passe” chanté par Georges Brassens. Dans cette quête, on peut avoir besoin de repères et de guides. Choisir Daech et partir en Syrie permet à des jeunes gens d’aller assouvir leur goût de “l’aventure”, de la révolte et leur fascination du nihilisme suicidaire. Hé, les gars, il y a une multitude de moyens pour trouver un sens à sa vie et se battre pour un monde meilleur. Quelques unes de ces personnes ont été enrôlées avec des techniques de manipulations mentales (l’intrusion dans le privé et le cerveau étant plus facile via les médias numériques). Certains ont baigné dans l’ignorance et la violence, et ont sombré dans le fanatisme. D’autres ont fait un choix et n’ont aucune circonstance atténuante.
Je pense que la quête de sens aura peu de chance d’aboutir vers quelque chose d’autre de plus noble et d’altruiste ou tout au moins à une conscience sociale ou politique en la cherchant sans esprit critique ni recul dans le bouillonnement instantané d’internet et encore moins dans l’envahissante sous-culture médiatique sur-médiatisant les faits divers et nous bombardant de discours de communication préparés pour des personnalités “politiques” qui nous donnent un spectacle affligeant depuis plus de 30 ans (voir plus bas). Et qui viennent aussi alimenter le sentiment de révolte, que l’on soit jeune ou non.
Chers compatriotes, aprés ces attentats du 11 novembre 2015 vous êtes nombreux a avoir fait un premier pas symbolique. Vous avez parfois affiché le drapeau français sur vos profils Facebook. La plupart d’entre nous ne l’aurait pas fait avant le 7 janvier et vendredi dernier. Jusqu’à présent, afficher un drapeau français (en dehors d’une manifestation sportive…) c’était, bien souvent, penser être considéré comme un nationaliste, ou un membre du front national, ou un fanatique. Et n’écoutez pas tous les grands parleurs qui vont se précipiter à la télé pour nous expliquer que ces attentats c’est notre faute parce que nous avons forcement fait quelque chose. Ça suffit, la culpabilisation à deux pas de la justification des assassins. Depuis quelques temps et avant ces horreurs de 2015, être français, c’est aussi faire de l’auto-bashning stérile.
Opéra de Sydney, Australie
Mais regardez donc toutes les grandes capitales du monde qui affichaient hier le bleu-blanc-rouge sur les murs de leur monuments nationaux. Ce n’est pas du nationalisme. Ça veut dire qu’être français, c’est être un symbole, c’est être un citoyen du monde qui a grandi dans un (pourtant petit) pays restant toujours pour le monde entier un exemple et représentant du symbole de la liberté (et c’est justement en partie pour cela que nous sommes la cible des terroristes). Il ne s’agit pas de rester dans cette image du passé, mais de savoir si nous tenons à ces valeurs, et surtout de leur redonner son vrai sens à notre liberté et la défendre. Pas en allant tête baissée bombarder Daech en Syrie, car c’est un peu plus compliqué que cela. Il faudrait idéalement aussi une politique internationale cohérente, en arrêtant de diaboliser Poutine, car une union sacrée avec la Russie est sans doute un moyen d’en finir avec Daech et les autres. Ce ne sont pas les russes qui ont foutu le bordel au moyen-orient, mais les américains. La dérive atlantiste des 2 derniers présidents français nous a lamentablement sorti de ce rôle central de grande force diplomatique au proche Orient. En s’alliant aux pétro-dollars saoudiens et qataris, qui n’aiment pas trop les projets de pipeline iranien traversant la Syrie et qui financent le terrorisme et ont aidé Daech dans son ascension, les 2 derniers gouvernements français portent une responsabilité dans la crise identitaire et la violence qui s’abattent sur les citoyens français.
Certains de ces assassins du 7 janvier et du 13 novembre 2015 parlent français et ont grandi chez nous, dans le pays de la « liberté ». Liberté de quoi, de massacrer ? Mais comment peut-on laisser revenir sur notre sol européen et français des tueurs sans les enfermer ? Comment peut-on accepter des comportements communautaires obscurantistes en France et en Europe sous couvert d’un soit-disant différentialisme culturel ?
Il faut continuer à expliquer et à matraquer que la laïcité (modérée non intégriste hein…), ce n’est pas interdire la religion, mais au contraire cohabiter avec elles, permettre de choisir sa spiritualité librement, de manière privé, et qu’il existe une limite très nette entre la pratique d’une religion tolérante et le fanatisme religieux qui considère tous les autres comme ces ennemis.
Source : klaire.fr
S’ils ne veulent pas être victime d’amalgame et être accusés de complicité silencieuse, il faudrait probablement que les représentants légitimes des musulmans de France majoritairement modérés sortent de leur querelles internes et arrivent au moins à une union sacrée en parlant d’une seule voix pour couper les ponts de manière très claire, nette et définitive avec les branches et discours extrémistes qu’il faut maintenant traiter de manière ferme et impitoyable sans tomber dans les pièges que nous tendent les ennemis de la liberté.
Les lois, ça se change et ça se modernise, et surtout ça s’applique, sinon ça ne sert à rien, à part justifier les salaires et le temps gaspillé par ceux qui les pondent. La loi de 1905 a 110 ans ne doit pas nous faire fermer les yeux sur le totalitarisme fanatique (de tout bord, pas seulement religieux d’ailleurs…). Cela veut dire aussi que dans notre quotidien, nous ne devons plus jamais accepter que des communautés identitaires nous imposent quoi que ce soit d’incompatible dans les lieux publics, les services publics (exemple de le RATP), les écoles publiques et privées.
L’ennemi de la vraie liberté c’est le communautarisme identitaire, quelque soit sa forme (religieuse, politique)
Il est temps que nous mettions par tous les moyens (j’y reviendrais plus bas) la pression sur le système politique clientéliste (de tout bord) et leurs jeux de communication qui n’a qu’un seul but : accéder au pouvoir et le conserver par tous les moyens, y compris en mettant en péril notre modèle de société. Certains élus de tout bord ont ouvert la voie de la communautarisation, favorisée et rendue possible par le clientélisme religieux jusqu’à aujourd’hui, antinomique avec les principes fondamentaux de ce ce pays dont la force est depuis longtemps une unité dans la diversité, attachée à la liberté.
Nous ne voulons plus “d’hommes politiques”, nous voulons des gouvernants et un État régalien qui se concentrent sur leur rôle et non sur les jeux de pouvoir. Mais le système des partis dominant a conduit le système gouvernemental à l’agonie, dans un contexte de passivité/soumission des citoyens et d’étatisme forcené, d’imbrication entre des gouvernements et de lobbies dans un capitalisme de connivence et de contrôle des masses.
Je reviendrais plus bas sur des pistes de solutions.
Le quartier du Mirail à Toulouse, où j’ai habité dans les années 90
Et puisque ce sont des socialistes qui sont actuellement au pouvoir (les majorités de droite qui se sont succédées ne valent pas mieux), il est temps maintenant d’assumer votre héritage de ces 30 dernières années et réparer vos graves errances : s’être servi autrefois des banlieues comme colleurs d’affiche (ce n’est pas moi qui le dit, mais un français d’origine algérienne président de collectifs d’association de banlieues lyonnaises en son temps…). En ce qui me concerne j’ai habité le quartier de La Reynerie au Mirail à Toulouse pendant quelques années 1990 (la ville de Mohammed Merah, l’assassin de 2012 de sinistre mémoire). La banlieue ne m’est pas étrangère. Mes années fin 80 et 90 ce sont mes années Lycée et Université, celles où dans beaucoup de régions, l’école républicaine fonctionnait. Il n’y avait pas de communautarisme ou de racisme. Mes potes de classe et de terrains de sports, originaires d’Afrique noire ou maghrébine sont devenus professeurs, ingénieurs, facteurs, chefs d’entreprise, artisans… Mais il y avait aussi beaucoup de zones dans lesquelles de vrais difficultés existaient…
Ces années furent celles du Mitterandisme où la loi électorale, c’est-à-dire la proportionnelle, a servi de tremplin au Front National (ce qui, au passage, a permis de diviser et affaiblir la droite afin que la gauche reste au pouvoir). En même temps, c’est le gouvernement Mitterand qui a instrumentalisé SOS-Racisme pour diaboliser le Front National, aller piquer des voies au parti communiste et racoler auprès des jeunes des banlieues. La lutte contre le racisme ne peut être que légitime, mais cette récupération politique a été une bombe à retardement dévastatrice : en entrainant beaucoup de déception pour certains, et en servant de base pour la machinerie perverse qui s’est mise en route jusqu’à nos jours : pour les uns, la sortie à tout va de la carte de la victimisation pleurnicharde du racisme, pour cette minorité planquée derrière leur signes affichés qui n’ont rien à avoir avec la race mais sont de l’ordre d’une idéologie totalitaire. Avec pour objectif, au mieux, d’exister par la provocation et au pire, d’imposer à la majorité dans notre pays de la une vision radicale extrémiste à l’inverse de nos principes. Et pour tous les autres, cela a entraîné la honte de sortir le drapeau français sous peine d’être traité de raciste et de facho : un comble, quand on dénonce le racisme, le sexisme, l’intolérance, le fanatisme et le totalitarisme quand il prend la forme de l’islamisme radical, en laissant au Front National seul la récupération du discours contre celui-ci. Même la gauche devra vivre dans une omerta sur la réalité d’un problème majeur dans les banlieues : la montée de la haine et de l’obscurantisme (notamment le salafisme jihadiste). Un des rares à briser la loi du silence est Malek Boutih (député de l’Essonne, ancien président de SOS racisme, parlementaire chargé d’une mission d’étude sur le djihadisme). Dans son rapport, il dit :
“ Nous n’avons plus le droit de douter, de pinailler, de calculer. L’heure est à l’action déterminée pour imposer le projet républicain… L’action publique en réponse au radicalisme doit s’inscrire dans une logique de contre-attaque, en rendant à la République toute sa force et tout son attrait. “
“ Il faut protéger la jeunesse, de gré ou de force ”.
Cette phrase fait écho à une autre, 80 ans avant :
“ Ceux qui voudraient troubler la sérénité n’ont pas leur place dans les écoles qui doivent rester l’asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas” décembre 1936, Jean Zay, ministre de l’Education et des Beaux-Arts.
Il fut aussi résistant et assassiné le 20 juin 1944 par la Milice.
Les soit-disant gouvernants qui disent qu’il est difficile de se battre contre le “terrorisme” et ne vont pas à la source des problèmes. Il faut appliquer la loi dans les banlieues de manière implacable. Il faut redonner sa fierté à l’école et la moderniser en profondeur. Son rôle n’est plus de transmettre des connaissances : c’est totalement absurde dans un monde numérisé et connecté où un enfant peut accéder à toutes les connaissances instantanément. Le rôle de l’école est d’apprendre à trier l’information et à fournir des repères.
Je préconise depuis vingt ans d’introduire dans nos écoles, dès la fin du primaire et dans le secondaire, l’enseignement de ce qu’est la connaissance, c’est-à-dire aussi l’enseignement de ce qui provoque ses erreurs, ses illusions, ses perversions. Car la possibilité d’erreur et d’illusion est dans la nature même de la connaissance
Edgar Morin, Source.
Les États assistent, déresponsabilisent : ce sont les terrains de jeu des extrémismes, des prédicateurs fanatiques, et donc du terrorisme. Il faut reconquérir les territoires perdus de la République. Mais où sont donc passés les millions d’euros d’aide aux banlieues ? Mais comment peut-on laisser sans moyens Latifa Ibn Ziaten (mère d’un des militaires tué par Mohammed Merah en 2012) dans son action associative de promotion du dialogue interreligieux et d’une culture de la paix dans les écoles et les banlieues ?
Peut-être faudrait-il la prise en compte dans les suffrages et la légitimation totale du vote blanc (une loi votée le 21 février 2014 oblige désormais le décompte de ces voix) est un moyen crédible pour remettre en question le système politique. Pour cela, des pétitions massivement soutenues seraient un premier pas pour lancer une machine de mise sous pression de nos gouvernants. Chacun de nous peut aller aux urnes, s’impliquer dans des associations, collectivités, dans la vie politique, utiliser les médias sociaux dans lesquels, en triant bien et en communicant bien, on peut avoir du poids.
Il faudrait que beaucoup de personnes sortent de l’égocentrisme, et retrouver un certains sens de la Fraternité avec un grand F, comme France.
Nous devons agir, avec les bons instruments.
Agir pour les autres, c’est agir pour soi-même.
C’est à chaque homme de décider s’il marchera dans la lumière de l’altruisme créatif ou dans les ténèbres de l’égoïsme destructeur. Martin Luther King
C’est à chacun de nous de faire les bons choix et et agir comme il le faut, pour que chacun (et notamment nos enfants et leur besoin d’idéal) puisse faire eux aussi de leur côté les bons choix. Avant toute chose il faut agir sur soi-même.