Anthropie n.f. le mot anthropie n’est pas présent dans la plupart des dictionnaires. La racine est grecque, anthrôpos, qui signifie l’homme, ou plutôt anthr-ôpos, à visage d’homme humain. Ne pas confondre anthropie avec « entropie » n.f. (grec entropê, retour), grandeur qui, en thermodynamique, permet d’évaluer la dégradation de l’énergie d’un système : l’entropie d’un système caractérise son degré de désordre (exemple : l’entropie du monde tend vers un maximum). On trouvera par contre dans le dictionnaire le mot philanthropie (amour du genre humain) et misanthropie (haine du genre humain, dégoût de la société).
Ne pas confondre également « la philanthropie de l’ouvrier charpentier » et « la tripe en folie de l’ouvrier partant chier ». Je donnerais une définition de l’anthropie qui sera « le sentiment d’être humain, d’être social », puisque l’humain est un être social. Mais bon, ce ne sont peut-être pas des arguments suffisants pour nous différencier des autres être vivants…
Le Singe pas à Poil
Le zoologue anglais Desmond Morris dasn son ouvrage « Le singe nu » (1968) a eu l’idée amusante de faire une étude zoologique de l’homme en faisant comme si l’homme était une espèce nouvelle que l’on venait de découvrir. Cela peut paraître un peu con au premier abord, mais c’est quand même marrant. On aligne des spécimens mâles et femelles des 143 espèces de primates répertoriés dans le monde, l’homme faisant partie de la catégorie primate. En premier lieu, quelque chose frappe immédiatement : l’homme et la femme sont les seuls primates à ne pas avoir de poils sur tout le corps (sauf bien sûr Demis Roussos). c’est pour cela que le bouquin de Desmond Morris s’appelle « Le singe nu », qui qualifie l’homme. Les chimpanzés doivent se marrer quand nous disons que nous sommes « à poil », car ils sont beaucoup plus à poil que nous. Deuxième différence fondamentale, l’homme joue au tiercé, les autres primates non, sauf sous la torture ou complètement torchés à la tequila.
Gorille accordant une interview au Monde Diplomatique
Maintenant, regardons l’humain du point de vue de l’anatomie générale. d’abord, c’est l’humain qui a le plus gros cerveau des 143 primates. Ensuite, c’est l’homme qui a le plus gros pénis. Oui messieurs, vous pouvez lever haut la tête devant votre petite amie et le puissant gorille, qui a les testicules à l’intérieur et un pénis de 3 centimètres, n’en déplaise à ces dames fort bien décrites par le très regretté Georges Brassens .
La femme a les seins les plus gros, les glandes mammaires les plus à l’extérieur de toutes les femelles primates. Du point de vue du système pileux, la femme est carrément à l’inverse des autres primates sur une partie du corps non négligeable, le sexe. En effet, les femelles singes ont des poils partout, sauf sur et autour du sexe, alors que la femme a du poil sous les bras, et de façon beaucoup plus visible, tout autour du sexe. Que pouvons nous en conclure ? Que l’être humain a une tête et des attributs sexuels démesurés par rapport aux autres primates.
Le Prof HenRi Laborit
Le professeur Henri Laborit, dans sa narration du film d’Alain Resnais « Mon oncle d’Amérique« , nous dit que « la raison d’être d’un être, c’est d’être, de maintenir sa structure, de se maintenir en vie. Pour cela, il faut consommer de l’énergie, et la transformer ». Les plantes, elles, restent sur place, pompent du minéral et se servent de l’énergie solaire pour la transformer en leur propre matière vivante. Certaines graines, elles, se laisseront porter par le vent, ne prendront jamais l’avion de leur propre volonté, et la compagnie Air France voit alors toute une clientèle potentielle s’envoler au sens propre et au sens figuré.
Les être vivants, eux, à la différence des plantes, doivent se déplacer pour consommer. Et cela, ça exige un système nerveux. Et que nous dit le prof Laborit ? Qu’un système nerveux, et bien ça sert d’abord à agir, agir pour se déplacer, se nourrir, et se maintenir en vie.
Mon pote J-P, un « faiseur de bonheur » épicurien
dont les talents de cuisinier et les références en cave
n’ont d’égal que sa générosité…
La consommation, c’est la respiration, la nutrition, assurant la survie de l’individu, et la copulation, assurant la survie de l’espèce. l’air, généralement, tout le monde peut le respirer. Par contre, la bouffe et le partenaire sexuel, les animaux doivent aller se les chercher. Déjà, on risque d’être soi-même le plat préféré d’un autre être vivant, Qu’on appelle dans ce cas un prédateur.
On prend quelquefois des risques pour se nourrir : on peut se casser la gueule d’un arbre en allant chercher un fruit en haut d’un arbre, car les copains ont déjà graillé les fruits Qu’on pouvait attraper sans grimper à l’arbre. On peut également avoir un accident de voiture en allant faire ses courses à l’épicerie qui est loin de la maison, mais vous me direz sans doute que ça n’a rien à voir. Ensuite, pour la nutrition, on peut rentrer en compétition avec des individus d’autres espèces ou de la même espèce.
En ce qui concerne la copulation, on rentre en compétition avec des membres de la même espèce (sauf dans certains cas, mais vous n’allez pas commencer à m’emmerder avec la zoophilie, c’est déjà assez compliqué comme ça). Dans tout ces derniers cas, on dira, toujours avec le prof Laborit, que l’individu face à une situation de conflit aura le choix entre la lutte et la fuite, et si ni l’une ni l’autre est possible, et bien cela créera une inhibition.
Vue en coupe
d’un cerveau humain
Voilà donc les quatre comportements de base chez les être vivants : la consommation, la lutte, la fuite, l’inhibition. Et nous aurons beau essayer de contredire cela, on aura du mal à se sortir de ce schéma, même dans le cadre de la plupart des comportements humains. Ces quatre comportements de base c’est le boulot du cerveau reptilien, et chez les mammifères, en plus de ce premier étage du cerveau, on a le cerveau de la mémoire, et le cortex associatif, qui a pris une grande importance chez l’homme, ce qui rend bien sûr les choses encore plus compliquées.
Disons simplement que les processus imaginatifs sont sans doute assez étonnants chez l’homme, atteignant quelquefois le génie, et plus généralement des sommets dans la connerie.
Féria de Céret 2003
Pour pouvoir vivre en société, l’homme instaure le plus souvent une éducation, et cette éducation va comporter notamment l’apprentissage de règles, qui sont utiles pour la survie de la société telle qu’elle fonctionne à un moment donné. c’est le mécanisme de socialisation.
Ces règles peuvent avantager certains plus que d’autres, mais ça, c’est un problème de pouvoir, Qu’on ne va pas développer ici (on en parle un peu dans la page sur la kermesse).
Mais voilà, ces règles, utiles pour le maintien de l’état dans lequel la société existe à un moment donné, peuvent être en conflit avec les pulsions immédiates de l’individu, qui nous viennent du cerveau reptilien.
Ainsi, au boulot, si mon patron commence à me gonfler sérieusement, une partie de moi-même aura sans doute envie de lui mettre une grand coup de boule dans la tronche. La secrétaire, si elle continue à me regarder avec ses pupilles qui se dilatent de plus en plus, si elle continue à mettre des jupes de plus en plus courtes, d’abord on lui verra la culotte dans l’hypothèse où elle en porte une, et ensuite une partie de moi-même aura sans doute envie de sauter par dessus le bureau et sur la secrétaire.
Une autre partie de moi-même, qu’on dit « bien élevée », trouvera une façon plus socialement acceptable de résoudre ces problèmes, ou n’en trouvera pas. Et si je n’en trouve pas, et bien je serai inhibé, et je vais être tendu, nerveux, et je peux même tomber malade. Je peux me mettre à fumer, picoler et prendre des calmants, ou me mettre une balle dans la tête, c’est une autre solution.
Puisque c’est comme ça, je me casse dans les îles…
Il existe d’autres solutions, et si vous avez eu l’incroyable courage de suivre mon raisonnement jusqu’ici, nous arrivons dans le vif du sujet : je vais déplacer, le plus souvent de façon inconsciente, les comportements que je n’ai pas pu avoir à un moment dans une autre situation. c’est ce qu’on peut appeler « le défoulement », qui se manifeste de diverses façons. Le problème, c’est quand des individus exploitent les inhibitions des autres pour diriger ce déplacement vers des cibles choisies, en faisant faire à d’autres des imbécilités ou des actes abominables.
Je m’arrête là parce que sinon je vais être obligé de donner des exemples et des noms de personne ou de groupes…